Les résistances à l’accès des femmes aux positions à responsabilité en Europe
Pourquoi alors que les femmes sont plus diplômées que les hommes, elles deviennent moins souvent managers ?
Alors que les questions d’égalité femmes/hommes sont au cœur des problématiques actuelles du travail et des organisations en Europe, WOMAN étudie les résistances au processus de féminisation de l’encadrement supérieur, relevant de la combinaison de multiples dimensions (institutionnelle, individuelle, organisationnelle) s’articulant spécifiquement dans chaque pays. Malgré les politiques mises en œuvre, les femmes restent sous-représentées parmi les managers (34% en 2021). Les politiques familiales et les représentations sociales sont des leviers importants des opportunités de carrière des femmes. Alors même que la paternité joue comme bonus à l’occupation de postes à responsabilité, la maternité reste un frein, participant à la persistance du plafond de verre. Ce dernier est renforcé par la ségrégation horizontale, mais aussi par les modèles managériaux masculins, notamment via l’exigence d’une forte disponibilité temporelle. Enfin, les politiques d’égalité ancrées dans une approche par la « diversité » ne remettent jamais en cause les stéréotypes de sexes. WOMAN permet d’identifier des leviers de politiques publiques et organisationnelles favorisant une égalité réelle pour occuper des fonctions de management.
Comparaison de 4 pays européens articulant les niveaux d’analyses de manière qualitative et quantitative
Pour établir des résultats empiriques, l’infrastructure de recherche articule les niveaux d’analyse individuel, organisationnel et de l’action publique – chacun agissant sur le plafond de verre. Ils sont appréhendés par la comparaison de 4 pays européens choisis pour leur développement économique et social comparable avec des modèles sociétaux différents (France, Royaume-Uni, Suisse et Suède). WOMAN s’appuie sur une approche économique et sociologique mobilisant de multiples matériaux quantitatifs et un matériau qualitatif original.
La multiplicité des thèmes et des niveaux d’analyse nécessite de faire dialoguer de nombreuses enquêtes européennes. Une telle méthodologie permet la caractérisation institutionnelle des pays assortie de résultats issus de modèles économétriques adaptés. Pour conduire l’analyse qualitative comparative, WOMAN choisit de retenir une seule grande entreprise pour les 4 pays afin de « neutraliser » l’hétérogénéité de l’environnement organisationnel. Les 95 entretiens semi-directifs réalisés permettent de comprendre les expériences des femmes Top manager et comment les stéréotypes de genre des responsables RH participent à la persistance du plafond de verre par la référence à un modèle managérial dominant masculin.
Résultats majeurs
WOMAN montre la résistance du plafond de verre malgré la nette progression des diplômes des femmes dans les 4 pays. Les politiques publiques élargissant l’offre de garde de la petite enfance sont d’autant plus efficaces qu’elles sont accompagnées d’actions agissant sur les représentations des rôles genrés. Dans les organisations, la mixité à elle seule est loin de garantir l’égalité. Les résistances relèvent des modèles managériaux neutres seulement en apparence puisque pour progresser, les femmes doivent toujours se plier à certaines normes masculines et ce même dans une entreprise où la politique d’égalité est particulièrement proactive.